Information :
Développeur : Bokeh Game Studio Date de sortie initiale : 5 novembre 2024 Plates-formes : PlayStation 5, PlayStation 4, Microsoft Windows, Xbox Series Éditeur : Bokeh Game Studio Genres : Jeu d'action, Jeu d'aventure, Adventure Compositeur : Akira Yamaoka Directeur : Keiichiro Toyama; Junya Okura
Test complet : Slitterhead – L'ombre d'une ambition avortée
Keiichiro Toyama , célèbre créateur de Silent Hill et Forbidden Siren , revient avec un nouveau projet sous la bannière de Bokeh Game Studio . Slitterhead promettait une expérience singulière mêlant horreur, action et une narration étrange, le tout dans un cadre fascinant : la mythique citadelle de Kowloon. Pourtant, si l’ambition était palpable, le résultat final ne parvient pas à tenir ses promesses. Malgré quelques éclairs de génie, le jeu s'embourbe dans des choix répétitifs et des failles techniques, laissant une impression mitigée après nos 16 heures de jeu.
Une boucle temporelle au concept intrigant, mais vite épuisée
L'intrigue de Slitterhead repose sur une idée séduisante : le joueur incarne Hyoki, une entité spectrale capable de posséder des humains et des animaux, piégée dans une boucle temporelle de trois jours. Ces cycles, chargés d'affronter les Slitterheads , des monstres avides de cerveaux humains, promettent initialement un suspense captivant.
Cependant, cette boucle temporelle devient rapidement un piège narratif. Les événements se répètent presque systématiquement, avec peu de variations notables. Chaque cycle impose des tâches identiques : enquêter, interagir avec des PNJ, et combattre les mêmes ennemis dans des environnements qui, bien que visuellement intéressants, finissent par lasser.
Le concept même de la boucle aurait pu être une force si chaque cycle introduisait de nouvelles mécaniques ou des rebondissements surprenants. Malheureusement, Slitterhead s'enlise dans une routine qui manque d'impact.
Un gameplay prometteur, mais frustrant
La possession, une idée séduisante sous-exploitée
L'une des phares mécaniques du jeu est la capacité de Hyoki à posséder des corps humains ou animaux. Cette idée aurait pu être un véritable tournant, offrant des opportunités variées de gameplay. Cependant, son utilisation reste trop limitée : la possession sert essentiellement à franchir certains obstacles ou à distraire les ennemis. Les rares moments où cette mécanique est pleinement exploitée laissent un goût d'inachevé, comme si elle n'avait pas été suffisamment développée.
Des combats répétitifs
L'action constitue une grande partie de l'expérience de Slitterhead . Si les premières rencontres avec les Slitterheads captives par leur dynamisme, elles deviennent vite monotones. Le bestiaire est étonnamment limité, les animations manquent de fluidité, et la caméra, souvent capricieuse, rend les affrontements confus, notamment dans les espaces exigus.
Quelques mécaniques viennent néanmoins pimenter ces combats :
- La gestion du sang , utilisée comme ressource pour activer des compétences spéciales. Bien que cette idée apporte un peu de stratégie, elle ne compense pas le manque global de variété.
- Le contre : une approche intéressante où il faut orienter le joystick pour parer les attaques ennemies, ralentissant le temps pour riposter efficacement. Cette mécanique, bien qu'amusante, manque de finesse en raison d'imprécisions techniques.
Un menu difficile à prendre en main
Naviguer dans le menu principal de Slitterhead est une épreuve en soi. L'organisation confond les différentes sections (carte, journal, compétences) nuit à la fluidité du gameplay. Cela ralentit l'exploration et rend l'accès aux informations essentielles inutilement frustrant.
Une direction artistique contrastée
L'ambiance de Kowloon : entre fascination et déception
Le choix de situer l'action dans une reconstitution fictive de la citadelle de Kowloon est un pari audacieux. Les ruelles étroites, les enseignes lumineuses et l'atmosphère oppressante rappellent l'héritage cyberpunk de cet endroit mythique. Cependant, cette direction artistique prometteuse est desservie par une technique d'exécution datée.
Les textures manquent de finesse, les animations sont rigides, et les environnements finissent par devenir redondants. Malgré cela, certains moments parviennent à capturer une ambiance immersive, notamment grâce à des jeux de lumière bien pensés et à un level design qui encourage l'exploration verticale.
Des dialogues visuels épuisants
Les interactions avec les PNJ, censées enrichir l'univers et l'intrigue, deviennent rapidement un point faible. Les visuels utilisés lors des dialogues, avec des arrière-plans flous et des animations incohérentes, provoquent une réelle fatigue visuelle. Au lieu d'ajouter à l'étrangeté recherchée, ces séquences donnent mal à la tête et poussent à passer rapidement les discussions, ce qui nuit à l'immersion.
La bande-son : un point fort indéniable
La musique, signée Akira Yamaoka , est sans conteste l'un des points forts du jeu. Les compositions sombres et atmosphériques renforcent l'étrangeté du monde de Slitterhead , rappelant parfois les meilleurs moments de Silent Hill . Ces morceaux apportent une profondeur que les graphismes et le gameplay ne parviennent pas toujours à fournir.
Slitterhead avait toutes les cartes en main pour devenir une expérience mémorable. Malheureusement, il s'enlise dans une structure répétitive et des choix de design maladroits qui ternissent son ambition. Si la bande-son et quelques idées sauvent l'ensemble de l'oubli, l'expérience globale reste frustrante et inaboutie.
Pour les fans de Keiichiro Toyama, Slitterhead peut représenter une curiosité intéressante, mais pour la majorité des joueurs, il est difficile de le recommander, surtout à son prix de lancement. Une œuvre à découvrir uniquement si l'on accepte ses nombreuses imperfections.
Points forts :
Ambiance sonore envoûtante :
La bande-son composée par Akira Yamaoka est un véritable atout, immergeant le joueur dans une atmosphère oppressante et captivante, en parfaite harmonie avec l'univers du jeu.
Une direction artistique inspirée :
Malgré des limites techniques, la représentation de la citadelle de Kowloon parvient à évoquer une esthétique unique, mêlant néons cyberpunk et ruelles labyrinthiques, offrant par moments une immersion visuelle réussie.
Un concept de possession original :
La mécanique de possession d'Hyoki apporte un souffle d'originalité en permettant d'explorer des approches différentes, même si elle est sous-exploitée dans le gameplay.
Points faibles :
Répétitivité étouffante :
La boucle temporelle de trois jours devient rapidement lassante, avec des tâches répétitives et des variations insuffisantes pour maintenir l'intérêt sur le long terme.
Gameplay limité et frustrant :
Les combats souffrent de redondance, d'une caméra capricieuse et de hitbox imprécises, rendant certaines phases plus irritantes que satisfaisantes.
Un menu confus :
L'interface du jeu est difficile à naviguer, rendant la gestion des compétences, des missions et de la carte inutilement compliquée et frustrante.
Narration intrigante :
L'univers étrange et la structure narrative volontairement cryptique captive par moments, malgré des problèmes de rythme. L'intrigue contient des éléments surprenants qui suscitent l'intérêt.
Graphismes datés et dialogues épuisants :
Les visuels manquent de finesse, et les séquences de dialogue avec les PNJ sont visuellement désagréables, avec des arrière-plans flous et des animations maladroites qui fatiguent le joueur.
Notre note :
10/20
Test - Slitterhead