Information :
Nominations : Game Award du meilleur jeu à message positif , meilleur jeu indépendant , de la meilleure direction artistique. Genres : Jeu de plates-formes, Jeu d'aventure, Jeu de combat Développeur : Nomada Studio Éditeur : Devolver Digital Date de sortie initiale : 15 octobre 2024 Artiste : Conrad Roset
Neva : L'odyssée poétique et captivante de Nomada Studio
Après le succès planétaire de GRIS, Nomada Studio nous invite à nouveau dans son univers singulier avec Neva, une aventure en 2D où l’émotion s’entrelace harmonieusement avec l’action. Présenté lors de l’Indie Showcase du 27 août 2024 et disponible depuis le 15 octobre, ce bijou édité par Devolver Digital promet une expérience inoubliable, tant pour les amateurs de jeux indépendants que pour les joueurs à la recherche d’une histoire profonde et immersive.
Une narration pure et poignante
Dans Neva, tout commence par une tragédie. Alba, une jeune femme liée à une louve blanche géante, est témoin de la mort brutale de cette créature majestueuse, victime de mystérieuses forces corrompues. Ce drame marque le début d’un périple où Alba, accompagnée de Néva, le louveteau rescapé, traverse un monde dévasté par la corruption.
La relation entre Alba et Néva est le cœur battant de cette histoire. Le jeu explore subtilement les thèmes de la perte, de la résilience et de la symbiose entre l’homme et la nature. Néva, au départ fragile et vulnérable, grandit au fil des saisons pour devenir un loup imposant, un compagnon précieux autant dans les combats que dans les moments de répit. Ces instants de tendresse – comme les caresses que l’on peut offrir à Néva à tout moment – renforcent l’attachement du joueur à ce duo et plongent l’expérience dans une dimension émotionnelle rarement atteinte.
Un monde qui respire l’art et la mélancolie
L’identité visuelle de Neva est une véritable œuvre d’art. Chaque tableau semble peint à l’aquarelle, où des couleurs pastel délicates côtoient des teintes plus sombres, symbolisant l’équilibre fragile entre la beauté et la désolation. Les décors fourmillent de détails, qu’il s’agisse des forêts mourantes, des montagnes arides ou des rivières asséchées, créant une atmosphère à la fois onirique et oppressante.
Les influences de l’univers de Hayao Miyazaki sont évidentes : les esprits animaux massifs rappellent Princesse Mononoké, tandis que les créatures corrompues, dotées de masques blancs et de silhouettes sombres, évoquent le sans-visage du Voyage de Chihiro. Pourtant, Neva parvient à se forger une identité propre, où chaque scène est empreinte de poésie et d’émotion brute.
Un gameplay accessible mais engageant
Si Neva brille par son esthétique et sa narration, son gameplay n’est pas en reste. L’expérience repose sur un mélange équilibré entre exploration, combats et résolution d’énigmes environnementales. Alba, armée d’une épée, doit affronter des monstres corrompus, mais le jeu ne se contente pas de simples affrontements. Chaque ennemi, en particulier les boss, demande une approche stratégique, où il faut analyser leurs patterns et utiliser intelligemment l’environnement pour les vaincre.
Néva, en grandissant, devient un allié indispensable. Capable de se battre aux côtés d’Alba ou de l’aider à surmonter des obstacles, il enrichit considérablement les mécaniques de jeu. Certains passages nécessitent une coopération étroite : Alba doit activer des mécanismes pendant que Néva distrait les ennemis, ou l’inverse. Ces interactions renforcent la synergie entre les deux personnages et offrent des moments de gameplay uniques.
Les phases de plateforme et de puzzle ajoutent une touche de réflexion à l’ensemble. Qu’il s’agisse de grimper sur des lianes, d’utiliser un double saut pour atteindre des zones inaccessibles ou d’activer des mécanismes dans un ordre précis, ces défis restent accessibles tout en demandant un minimum de réflexion. Le jeu est également dépourvu de cartes, mais son design linéaire et intuitif évite toute frustration liée à l’orientation.
Un rythme maîtrisé, au service de l’émotion
L’aventure est divisée en quatre chapitres correspondant aux saisons, un choix judicieux qui reflète non seulement la croissance de Néva, mais aussi l’évolution émotionnelle d’Alba. Chaque saison apporte son lot de nouveaux défis, d’ennemis et de paysages, maintenant un sentiment constant de découverte et de progression.
Un autre point fort réside dans la gestion des échecs. Si Alba meurt – sa barre de vie étant représentée par trois fleurs qui se fanent progressivement – le jeu propose des points de sauvegarde fréquents et bien placés, réduisant la frustration au minimum. De plus, la régénération de la vie peut se faire en frappant des ennemis ou en utilisant des totems disséminés dans le monde, un système simple mais efficace qui encourage une exploration attentive.
Une bande-son qui sublime l’expérience
La musique de Neva est un chef-d’œuvre à part entière. Chaque mélodie semble conçue pour amplifier l’impact émotionnel des scènes, qu’il s’agisse d’un combat intense, d’une fuite désespérée ou d’un moment de calme partagé entre Alba et Néva. Les sons ambiants, quant à eux, plongent le joueur dans l’atmosphère du monde : le bruissement des feuilles, les échos des créatures lointaines et le silence oppressant des zones corrompues renforcent l’immersion.
Une œuvre indépendante incontournable
En seulement quelques heures de jeu, Neva parvient à raconter une histoire riche en émotions, sublimée par une direction artistique et musicale exemplaires. Nomada Studio prouve une fois de plus son talent unique pour créer des expériences profondément humaines et mémorables.
Si vous cherchez un jeu qui allie beauté visuelle, narration poignante et gameplay accessible, Neva est une aventure à ne pas manquer. Plus qu’un simple jeu, c’est une œuvre qui reste en mémoire longtemps après que le générique de fin ait défilé.
Verdict :
Malgré ces quelques points, il faut bien avouer que Neva est une expérience exceptionnelle. La narration, l’atmosphère et la direction artistique m’ont captivée de bout en bout, au point de me donner des frissons à plusieurs reprises. Si vous aimez les jeux qui marquent durablement, Neva est une aventure incontournable.
Points forts :
Direction artistique enchanteresse
Avec ses décors peints à l’aquarelle et ses couleurs pastel, Neva offre un univers visuellement saisissant. Chaque environnement respire la poésie, mêlant harmonieusement beauté et mélancolie.
Une narration émotive et subtile
Sans dialogues, le jeu réussit à raconter une histoire profondément touchante grâce à l’animation et à la musique. La relation entre Alba et Néva évolue de manière organique, renforçant l’immersion émotionnelle.
Un gameplay accessible et varié
Les mécaniques simples (combats, énigmes, plateforme) sont bien équilibrées et accessibles à tous, tout en offrant une profondeur suffisante grâce à des ennemis aux patterns complexes et des puzzles stimulants.
Points faibles :
Rythme parfois inégal
Certains passages d’exploration peuvent sembler lents, notamment en début de jeu ou lors des phases où Alba doit fuir sans pouvoir accélérer sa course.
Absence de progression complexe
Le jeu ne propose pas de système d’expérience, d’objets ou de montée en puissance, ce qui peut frustrer les joueurs cherchant un aspect RPG ou une personnalisation plus marquée.
Manque de rejouabilité
Une fois l’histoire terminée, le jeu offre peu d’incitations à y revenir, en l’absence de contenus annexes, de collectibles ou de fins alternatives.
Bande-son immersive
La musique et les sons ambiants accentuent chaque moment fort du jeu, qu’il s’agisse de scènes d’action ou de moments de calme, renforçant l’impact émotionnel de l’expérience.
Linéarité du design
Bien que l’absence de carte soit compensée par une structure linéaire, certains joueurs pourraient regretter un manque de liberté dans l’exploration.
Neva - le test